Voyager écologiquement - image de présentation d'article
26 octobre 2019 /

Bonjour à tous ! Je vous retrouve aujourd’hui avec une vidéo qui me tient à cœur, sur le thème de … l’écologie ! J’ai ouvert une chaîne YouTube sur le voyage, je voyage beaucoup, et loin : mon empreinte carbone est énorme. Mon impact sur la planète est important. Et je me demande si voyager écologiquement, c’est possible ?

Depuis plusieurs années je m’intéresse beaucoup à l’écologie et j’essaie de changer mes habitudes. Je n’ai pas de voiture (j’aime marcher) et si besoin je prends les transports en commun. J’aime prendre le train. Je mange majoritairement végétal. (Pas quand je vivais à Mada, puisque là-bas il n’y avait que de l’élevage local: tu achètes un poulet entier et vivant). Je utilise des sac réutilisables, je recycle, j’utilise du citron, du bicarbonate et du vinaigre blanc… bref je suis une grande partie des recommandations gouvernementales et associative sur la matière. Mais ces actions ont-elles un réel impact ?

Cet article va surement être un peu long… Je vais d’abord résumer les études actuelles sur les principaux gestes pour réduire notre empreinte écologique, et ensuite je vais vous détailler les résultats que j’ai obtenu en analysant mon mode de vie.

Et pour ceux qui préfèrent la vidéo, rendez-vous sur YouTube !

1. Les donnes écologiques actuelles

A. Les actions à fort impact

A l’heure actuelle, les gestes qui sont principalement encouragés par les gouvernements sont des petits gestes quotidiens : prendre moins la voiture, ne pas utiliser de sacs plastiques, changer ses ampoules… Je vais ici me baser sur une étude basée elle même sur 39 études similaires sur la protection de l’environnement. Elle classe ainsi les actions ayant le plus d’impact quant à la protection de l’environnement :

We estimate that an individual who eats meat and takes one roundtrip, transatlantic flight per year emits 2.4 tCO2e through these actions, exhausting their personal carbon budget, without accounting for any other emissions.

« The climate mitigation gap: education and government recommendations miss the most effective individual actions », Wynes and Nicholas, 12 July 2017, Environmental Research LettersVolume 12Number 7 .

Ce que l’on peut déjà remarquer c’est que suivant où l’on habite, les actions n’ont pas le même impact. Avoir un enfant de moins aura un impact plus grand aux US qu’au Japon. Et switcher pour l’électricité verte aura bien plus d’effet au Canada qu’au RU.

Je ne vais pas m’étendre sur le débat qui avait été causé par la publication de l’AFP sur le fait d’avoir moins d’enfants, mais il faut clairement ouvrir les yeux aujourd’hui : nous gaspillons nos ressources, nous épuisons la planète et l’humanité est en danger car nous ne savons pas les conséquences que le réchauffement climatique aura sur nous. Nous savons juste que nous avons beaucoup de mal à vivre quand il fait 35 degrés et sommes malades dès qu’il y a un petit coup de frais, donc on devrait peut-être se bouger pour se dire qu’un réchauffement global de la planète va nous causer de gros gros problèmes.

Avoir un enfant aujourd’hui, c’est le faire vivre dans la société de consommation dans laquelle nous sommes. Même dans une famille zéro déchet, le simple fait pour cet enfant d’avoir besoin de se déplacer, de vivre, de se chauffer, d’aller à l’école, d’utiliser les infrastructures publiques aura un impact environnemental.

Les 4 actions qui ont donc le plus gros impact sur l’émission de gaz à effet de serre sont donc :

  1. Avoir un enfant de moins
  2. Avoir une vie sans voiture
  3. Ne pas faire un vol transatlantique
  4. En 7eme, avoir une alimentation végétarienne.

(Les actions 4 à 6 concernent également la voiture – voir graphique).

Il faut savoir que la différence entre consommer moins de viande et ne plus en consommer du tout est plus de deux fois supérieure. De la même façon, il faut comprendre que toutes ces données sont des généralités, liées à des moyennes effectuées sur des populations données. Si votre voiture consomme 15L au 100km, se passer de voiture aura pour vous un impact plus grand que pour une personne qui utilise une voiture électrique.

Aussi, passer de « un petit peu de voiture » à « pas de voiture du tout » crée une différence sur les embouteillages, l’utilisation des routes (et donc leur renouvellement, qui engendre également des émissions de gaz à effet de serre), la construction de parkings, l’aménagement des territoires, et dans un cas plus optimiste pourra contribuer à une meilleure santé pour vous.

Car la protection de l’environnement n’a pas qu’un effet sur la planète mais également sur nous. Avoir un régime basé sur les végétaux, locaux et de saison, et ne pas utiliser de voiture, va forcément faire baisser votre risque de maladie cardiovasculaire, de diabète, d’obésité, maladies respiratoires, et j’en passe des meilleures.

B. Les recommandations de nos gouvernements

L’étude citée s’est aussi basée sur les recommandations des gouvernements et institutions, ainsi que sur les manuels scolaires canadiens, pour voir à quelle fréquence ces recommandations étaient faites. Malheureusement le résultat est désolant : elles ne le sont pas ou très peu. Dans une société où les injonctions de consommation, la publicité et le marketing sont à contre-courant de ce qu’il faudrait faire pour la protection de l’environnement, les gouvernements ne se risquent pas à nous encourager à NE PAS avoir de voiture. Mais ils nous encouragent à l’utiliser moins ce qui n’a qu’un impact limité.

Jamais n’est évoqué la question des enfants, mais vu les débats provoqués sur la question, on peut s’imaginer pourquoi. Enfin, la question de moins voire de ne plus prendre l’avion n’est clairement jamais évoquée. Pire, les lois actuelles sur les taxes de l’aviation encouragent à prendre l’avion, qui est bien souvent moins cher que le train. Sachez toutefois qu’un Montpellier Londres en avion consommera approximativement autant qu’un Montpellier Londres en voiture. Cependant, l’émission de gaz en altitude est problématique et on y applique souvent un coefficient amplificateur (surtout qu’il n’y a pas que du CO2 émis).

Bref le problème est complexe et le fait de ne pas mettre en lumière les actions à impact fort empêche les citoyens de connaitre la portée de leurs actions et de pouvoir réellement émettre des priorités sur les gestes à mettre en place. Si on veut sauver l’humanité, et non je n’abuse pas en utilisant ce terme, il va clairement falloir qu’on se bouge le popotin pour changer nos modes de consommations et nos modes de vie. Utiliser des ampoules basse consommation n’est pas un geste assez significatif pour avoir un réel impact. Manger bio non plus (surtout si ce bio voyage en container depuis le bout du monde, comme certaines chaines de magasins bio).

Bref la question est épineuse, touche à des problématiques sociétales, à des comportements extrêmement encrés dans nos habitudes et nos sociétés, qui sont parfois associés à des symboles de richesse et de réussite… difficile donc à transmettre.

Les gouvernements préfèrent donc utiliser des « petites » recommandations espérant que ces petits gestes vont nous pousser à préférer des actions à plus gros impact. Manque de bol, l’impact de la technique du pied dans la porte concernant l’environnement est extrêmement limité. Certes cela va conduire les gens à faire plus, mais en réalité ils vont se reporter sur des actions ayant un impact similaire ou inférieur.

Vous me direz que c’est déjà ça ? Ce n’est malheureusement pas assez… Nous fonçons dans le mur… et personnellement je ressens une détresse assez grande à cette évocation…

Some high-impact actions may be politically unpopular, but this does not justify a focus on moderate or low-impact actions at the expense of high-impact actions. As a specific example, one textbook says ‘making a difference doesn’t have to be difficult’ and provides the example of switching from plastic bags to reusable shopping bags in order to save 5kg of CO2 per year (Dickinson et al 2009). This is less than 1% as effective as a year without eating meat. Examples like this create the impression that the issue of climate change itself is trivial in nature, and represent missed opportunities to encourage serious engagement on high-impact actions.

Idem

2. Voyager écologiquement: les tests! (analyse de mon mode de vie)

Comme je vous le disais, l’écologie est une préoccupation de plus en plus prenante dans ma vie. Je suis loin d’être un exemple cependant. Une (grande) partie de ce que j’achète est emballé dans du plastique, il m’arrive de manger de la nourriture en fastfood, de la viande très occasionnellement… Et surtout je me déplace beaucoup ! En transports en commun au quotidien (bus ou métro), en avion pour les longs trajets, surtout pour des raisons économiques… Alors je me demande si il est possible de voyager écologiquement… Et la place que prend l’avion dans ma consommation annuelle.

A. Les tests d’empreinte carbone

Récemment j’ai voulu mesurer mon impact de façon plus précise, je suis donc allée faire 4 tests d’empreinte carbone ou empreinte écologique.

Pour ne rien vous cacher, les résultats vont être très différents suivant les tests. J’ai pourtant tenté d’entrer des données au maximum similaires. Quand il fallait se baser sur une année, je me suis basée sur l’année 2018 : je vivais à Madagascar, j’ai effectué un vol long courrier avec escale aller-retour, un vol moyen-courrier aller-retour ; je mangeais local 70% du temps, je mangeais souvent dehors, je me déplaçais souvent à pied, mais je prenais aussi la voiture, les taxis et les tuktuk (j’ai posé une base de 100km environ sur le temps où j’étais en France, et 100km à Mada sur l’année, avec des véhicule consommant entre 8L et 9L aux 100km), ma consommation électrique était d’environ 250 kWh par mois, avec un facteur à 0.5kgCO2e/kWh (utile sur le dernier test), plus de 2500km en transports en commun.

Quand l’analyse était sur 5 ans, j’ai décrit mon mode de vie « actuel », en appartement, à deux (avant je vivais avec ma maman, ou en coloc), plus de trajets en voiture par an, même avion soit plus de 50 heure par ans (car j’ai également voyagé tous les ans depuis 5 ans), mêmes transports.

Voici les résultats :

J’ai donc des résultats allant de 4,5 à 22 tonnes en équivalent CO2 par an ; avec des estimations comme un besoin de 3 planètes tout le monde vivait comme moi à 5 planètes. Si le résultat de la WWF est le plus haut, c’est aussi le seul qui inclut la société dans le calcul. Ils comptent nos dépenses en loisir et services, mais également les dépenses que la société génère et dont une part nous revient (fonctionnement des écoles, des hôpitaux, des services publics…). Ce qui est une bonne chose, car ça nous rappelle que nos actions s’inscrivent dans un contexte et ne peuvent pas être seulement individuelles.

B. L’avion dans tout cela

Dans TOUS les cas, ma consommation avec l’avion fait passer ma consommation carbone du simple au double! Si je refais les tests sans l’avion, je passe de 5 planètes à « seulement » deux ! Ce qui est encore trop, moi qui pensais bien faire. Voyager écologiquement ce serait donc ne pas prendre l’avion: aller moins loin, visiter différemment, et changer sa notion de voyage.

Petit aparté, sur les sites qui proposent de « compenser » notre consommation (mon avis)… Ce qui est perdu est perdu, ce n’est pas en soutenant des projets associatifs qui visent à éduquer les futures générations ou faire un musée ne vont pas sauver la planète. Ça va peut-être soulager votre conscience, mais vos actions auront bien plus d’impact. Ce qui ne vous empêche pas de donner derrière, si vous souhaitez soutenir une association. Mais quelque part, le mal est fait.

Outre le fait que les sites sont parfois très mal faits (dans le sens ou le questionnaire n’est pas du tout intuitif, où les explications sont peu claires, et où les calculs sont tellement cachés qu’il est impossible de savoir comment sont calculés les sommes à reverser)… Presque aucun ne mentionne les impacts de nos modes de consommation concernant la vie courante. L’industrie textile est la plus polluante au monde, et pourtant jamais il n’est indiqué de consommer moins d’habits. Ou même du seconde main. Même chose concernant les appareils électroménagers, les téléphones portables et ordinateurs.

C. Ma préférence

Ma préférence va au test de la WWF Suisse! Le test est complet, comprend les points que je viens d’évoquer, et l’impact de la société en général. Et en plus vous fournit un rapport détaillé à la fin! En reprenant toutes vos réponses et les gestes que vous pouvez mettre en place pour palier à chacune. (Il faudra juste convertir du franc suisse à votre devise, rien de bien compliqué). C’est ludique et le résultat et facilement compréhensible.

Conclusion

Je consomme beaucoup trop. Mais je ne suis pas la seule : dans la société où je vis, je vois sans cesse des publicités qui m’incite à consommer ces nouveaux produits à 98% d’origine naturelle mais qui sont livrés dans des colis individuels à travers le monde entier. Ces influenceurs.es, qui chargés comme des mules prennent l’avion pour deux jours à l’autre bout du monde pour une séance photo pour promouvoir lesdits produits. Ou qui nous encouragent à les fabriquer nous même à partir d’ingrédient expédiés à l’unité dans des contenants en plastique. On mange du bio des US, et on fait des petits efforts… Mais on ne veut pas renoncer à nos voyages. Ou encore ces marques qui éditent des Tshirts « No planet B », dans des quantités astronomiques et sans respecter aucune règle éthique… Alors que l’industrie textile est la deuxième plus polluante au monde.

Pourtant, on n’a pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour voyager ! On peut explorer nos environ et être tout autant dépaysé. Alors pourquoi parcourir des milliers de kilomètres pour manger de la bouffe instagrammable ou prendre de jolies photos ? C’est la course au toujours plus, toujours reculé, toujours plus authentique, toujours plus sauvage, toujours plus… polluant.

#noplane2020

Alors je laisse 2019 finir (j’ai encore quelques trajets à faire en avion, réservés depuis longtemps…), mais maintenant que j’ai prévenu mes proches et que je suis sure… Je me lance le défi : en 2020, je ne prendrai pas l’avion. J’explorerai les environ de la ville où je vis en train, je me déplace en transport en communs au maximum, et j’évite les trop longs trajets #noplane2020.

Rendez-vous en 2021, pour voir les résultats de ce pari. Ai-je tenu ? Est-ce que cela a été compliqué ? Est-ce que cela m’a couté plus cher ? Mes voyages ont-ils été moins beaux ?

Qu’en pensez-vous ? et vous, prêts à vous lancer ?

Source principale :

https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa7541

« […] Drawn from 39 sources, we have identified a dozen actions, including four recommended actions that are of substantial magnitude throughout the developed world (see supplementary materials 4): having one fewer child, living car free, avoiding air travel, and eating a plant-based diet (figure 1). Each of these actions was high impact (reduces an individual’s greenhouse gas emissions by at least 0.8 tCO2e per year, about 5% of current annual emissions in the US or Australia) regardless of study parameters. They are also ‘best in class’—most fully achieving emissions reductions within a given domain (e.g. car travel), and with the potential to contribute to systemic change (for example, living car-free reduces the need to build more roads and parking spaces, and supports higher-density urban design, which more efficient cars do not).”

Idem

“We found that the 216 individual recommended actions from textbooks overwhelmingly focused on moderate or low-impact actions, with our recommended actions mostly presented in a less effective form, or not at all (only eight mentions, or 4%). No textbook suggested having fewer children as a way to reduce emissions, and only two out of ten mentioned avoiding air travel (figure 2). Eating a plant-based diet was presented in the form of moderate-impact actions such as eating less meat, even though a completely plant-based diet can be 2 to 4.7 times more effective at reducing greenhouse gas emissions than decreased meat intake (Meier and Christen 2012). Similarly, methods for reducing one’s impact while driving were mentioned almost 30 times, with only six mentions of a car-free lifestyle. […] these guides provided little information for users to discern which actions might be more effective, and therefore which to prioritize”.

Idem

EXPATRIATION


VOYAGE



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