illustration article coronavirus
21 mars 2020 /

A l’heure où la majeure partie des pays d’Europe durcissent les mesures pour tenter d’enrayer l’épidémie due au coronavirus, le Royaume-Uni fait la sourde oreille. Les mesures annoncées chaque jour dans des points quotidiens par le gouvernement sont toujours bien en deçà de celles prises par nos voisins.

C’est bien simple, une partie des anglais que je côtoie ne se rendent pas compte du danger qu’ils font courir aux autres en continuant de sortir ou d’aller travailler. Mais comment leur en vouloir quand leur gouvernement ne les mets pas en garde?

dessin coronavirus disant "coucou c'est encore moi".

Aucune mesure, et une panique bien réelle

J’ai de la chance, mon boulot a pris la décision assez tôt de nous déplacer tous en home-office. C’est pas forcément facile, et bosser sur son canapé, je connais (on peut être plus lent, se prendre au piège de rester travailler plus longtemps, et on a du mal à dissocier travail et vie privée). Mais ça vaut le coup, parce que ça peut sauver des vies.

Pourtant à Londres, et au UK en général, les mesures ont pas été prises. Nous ne sommes pas en quarantaine. Nous ne sommes pas confinés. Nous n’avons pas l’interdiction de circuler ou d’aller travailler. Les stations de métro sont toujours bondées, les gens sont toujours agglutinés. Par contre impossible de trouver un thermomètre, une boite de paracétamol ou un rouleau de PQ. Les gens dévalisent les magasins, petits ou grands, et les rayons sont vides. La semaine dernière, seuls manquaient le papier toilette, les pâtes et les légumes surgelés. Cette semaine, ce sont tous les rayons qui sont touchés.

Dessin de deux personnes au courses, caddies remplis.

Individualisme grégaire

Dévaliser les magasins mais continuer d’aller au Pub le vendredi soir. Envoyer des messages pour dire aux gens de prendre soin d’eux mais laisser les commerces ouverts. Et font des pubs Instagram pour en parler. Il fallait les voir ces personnes sortir avec leurs chariots de courses remplis à RAS-BORD de PQ, Bouteilles d’eau, et paquets de pâtes. Je me demande même où ils vont pouvoir stocker autant de chose dans leur petit appart Londonien. Mais ils ne seront pas trop embêtés, pour oublier le désordre ils iront se balader.

Les écoles viennent tout juste de fermer, et au lieu d’être rassurés (OUF; les enfants, qui sont très souvent porteurs sains, et qui plus est des nids à microbes et de fantastiques vecteurs de virus) les parents se plaignent de ne pas pouvoir les faire garder. Ou pire, de ne pas pouvoir supporter des journées entière avec eux. Je crois que j’ai raté un épisode au sujet de « pourquoi faire des enfants ».

On entend souvent des « mais MOI je ne suis pas à risque » ou des « le monde va pas s’arrêter de tourner! ». Sans autre considération pour les personnes à risque. Ni pour les personnes non à risque qui peuvent aussi être malades (dans une proportion moindre, certes, mais proportion quand même). Potentiellement des centaines de milliers de personnes.

Mon état personnel: entre stress et dépit

Personnellement, je vis pas mes meilleurs jours, comme beaucoup. Je suis stressée, déjà parce que le climat est super anxiogène. Décompte des morts, news en continue (j’ai pas de télé, mais je reçois des alertes sur mon téléphone), deux mails officiels du boulot par jour pour faire un point. Le plus souvent c’est plutôt quatre ou cinq.

dessin de l'autrice, lisant tristement les nouvelles sur son téléphone.

J’ai passé quelques crises d’anxiété. Quelques crises « existentielles ». Descendre dans le sud, plus proche de ma famille? J’en avais la possibilité. Mais avouons le, ce n’est pas DU TOUT raisonnable. Je prends un risque pour moi, j’en fais courir aux autres. Puis une fois descendue, je suis pas sensée pouvoir voir ma famille, confinement oblige. Puis j’ai tout ici pour bosser. J’ai donc forcément peur qu’il arrive « quelque chose », et que je sois loin. Mais c’est toujours un peu le risque de l’expatriation, non?

Je reste donc à Londres, confinée depuis le 13 mars pour la protection de mon amoureux. Et chaque jour qui passe avant que le gouvernement ne prennent des mesures radicales rallonge la période de confinement (qu’on évalue pour nous deux à déjà 12 semaines).

Et dans tout ça je ne peux pas m’empêcher d’en vouloir à ceux qui sortent, qui dévalisent les magasins sans penser à en laisser aux autres, qui rendent cela encore plus difficile. Restez chez vous, prenez votre mal en patience. C’est le moindre mal.



P.S: Article écrit le jeudi 19 mars. Depuis le gouvernement a pris la décision de faire fermer les restaurants, pubs, cinémas et théâtres. Résultat? Je vois des stories Insta déclamant encore plus fort « Nous restons ouverts ». Et des gens dire merci. Et ça me fatigue…

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