17 février 2014 /
M. Chat très présent dans la capitale.

Grâce à mon master, j’ai eu la chance de me rendre en janvier dernier au Kosovo pour un voyage d’étude. Au programme: Prishtinë, Prishtina/ Priština (la capitale), Peja, Pejë/Peć et Mitrovica/Mitrovicë. Le but: comprendre la situation de ce pays, anciennement partie de l’ex-Yougoslavie, qui a connu la guerre et toutes ses atrocités.   

La situation actuelle, indépendance et conflit ethnique

Le Kosovo s’est auto-proclamé indépendant en 2008, mais n’a toujours pas accédé au statut d’Etat, car il n’est pas encore totalement reconnu. Par exemple la Serbie (dont il faisait anciennement partie) refuse toujours de reconnaître le Kosovo (même si le dialogue diplomatique est engagé), ou encore l’Espagne (qui craint, en reconnaissant le Kosovo de voir la Catalogne se déclarer indépendante également). Voilà donc une situation politiquement compliquée

NEWBORN – symbole de l’indépendance du Kosovo (qui change souvent de couleur).

Cette situation politique a également une influence dans d’autres domaines. Par exemple, si vous cherchez « Kosovo » sur google maps, la frontière avec la Serbie est en pointillé. Jusque récemment, le Kosovo n’était même pas référencé. De même pour Facebook et tous les réseaux sociaux. Ce qui posait des problèmes en termes de référencement et de communication. 

La majorité de la population Kosovare est d’origine Albanaise, la principale minorité est Serbe, mais on trouve également d’autres minorités comme la minorité Rom, Égyptienne, Turque, par exemple. En raison du conflit ethnique qui les a opposé, le dialogue entre les Albanais et les Serbes est compliquée. D’ailleurs, ils sont Albanais/Serbes avant d’être Kosovars.

Le besoin de s’adapter au contexte

En tant qu’Européens, nous avons du mal à comprendre cette vision. Mais la guerre s’est finie il n’y a qu’une quinzaine d’années, et les familles ont toutes été touchées par la guerre. Alors quand on se rend sur place, il faut adapter notre façon de penser à ce contexte. Il faut espérer que les jeunes générations arriveront à surmonter la différence ethnique pour construire ce pays.

C’est d’ailleurs le travail de nombreuses ONG sur place, qui organisent des voyages – au Kosovo et en Europe, avec des jeunes des deux ethnies, afin de leur montrer qu’au final nous sommes tous des êtres humains. Des écoles commencent aussi à accepter les deux ethnies en leur sein, et envisagent de les accueillir dans les mêmes buildings – dans quelques années. Les cursus serbes et albanais sont distincts au Kosovo, notamment à cause de la langue d’enseignement

Pont à Mitrovica: ce pont est l’incarnation même de la séparation ethnique. Les Serbes vivent au Nord de la ville, et les Albanais au Sud. Ce pont ne peut se traverser qu’à pied en raison des barricades. La police et l’armée gardent ce pont. Un drame a aussi eu lieu sur pont, avec la mort d’un adolescent, qui a été montée « en épingle » par les médias, faisant renaître les tensions ethniques…    

La vie au Kosovo, ressenti personnel

Le Kosovo est le pays le plus corrompu et le plus pauvre d’Europe. Le ton est donné. La communauté internationale est très présente, et partout dans les rues on peut croiser ces 4×4 avec les sigles UN (Nations Unies), EULEX (une mission de l’Union européenne), les soldats de la K-For (mission de l’OTAN), …

Evidemment, la présence internationale présente gagne des salaires assez élevés (voire très élevés) ce qui fait augmenter les prix, sur la ville de Pristina notamment. 

Etant en famille d’accueil, j’ai également entendu parler du problème du coût de l’électricité. Un des secteurs les plus corrompus (d’après les rapports des Nations Unies), avec une entreprise détenant un monopole et ayant des méthodes apparemment pas très honnêtes pour relever les compteurs. Un foyer moyen, qui gagne environ 200€ par mois. Pourtant la facture peut coûter jusqu’à 150€ d’électricité par mois (et cela en ne chauffant généralement qu’une seule chambre). Hallucinant

Quand vous êtes dans le centre ville de Pristina, il ne faut pas avoir peur des coupures d’eau, surtout la nuit. Pas d’eau entre 22h et 6h – toute une organisation. Certains secteurs sont cependant mieux dotés, comme le quartier des ambassades (comme par hasard). 

Pour nous autres européens, c’est sur que la vision est différente. Vous pouvez manger au restaurant pour deux ou trois euros, et l’assiette est bien remplie… Comptez 50cts pour votre café. 2€ pour un paquet de cigarette. Je ne vous parle même pas du prix de l’alcool. Du coup, se rendre au Kosovo, c’est aussi voir à quel point la vie nocturne est active. Pubs, clubs, restaurants… La jeunesse Kosovo sort et sait faire la fête. Malheureusement, avec un taux de chômage d’environ 65-70%, c’est aussi pour oublier la situation… 

Alors je retiens quoi du Kosovo ?

La générosité de ma famille d’accueil, que je remercie grandement. C’était vraiment bien de pouvoir discuter avec eux le soir autour d’une tasse de thé, pour vraiment mieux comprendre ce que c’était de vivre au Kosovo. 

Faculty of philologie, Pristina, Kosovo.

Le fait que la situation évolue, et qu’il y a de l’espoir. Evidemment les choses ne se feront pas en quelques jours, il va falloir compter en dizaines d’années. Mais le travail des ONG là bas est encourageant. Peut être que les jeunes Kosovars qui naissent en ce moment seront ceux qui porteront le pays vers une paix installée. 

Alors aujourd’hui, je souhaite un « Happy independence Day » au Kosovo, pour un avenir plein d’espoir.

La communauté internationale n’a pas une très bonne image au Kosovo (notamment car les fonctionnaires internationaux sont vus que comme des personnes venant dans le pays uniquement pour les hauts salaires qui y sont associés).

 Pour voir d’autres images, rendez vous sur le Flickr de Philipp Hamedl: http://www.flickr.com/photos/philipphamedl/sets/72157640102503205/

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